Résumé : Dans L’Immeuble Yacoubian, qui décrivait la vie des habitants d’un bâtiment du Caire, l’Egyptien Alaa El Aswany avait déjà démontré son talent pour animer des polyphonies romanesques. Ici, c’est vers ses compatriotes éduqués émigrés à Chicago que l’auteur, dentiste cairote, braque le foret acéré de son regard. Les résultat de l’opération dépasse toutes les espérances. A la fois drôle, tragique et rythmé, Chicago est à la hauteur des meilleurs romans-chorales américains. De surcroît, ce texte jette un éclairage inédit sur la diversité des émigrés Egyptiens, et dans leur acclimatation aux mœurs occidentales, et dans leur relation au pays natal. C’est que plutôt que de peindre une communauté uniforme, l’auteur a choisi de décrire des individus, leurs conflits intérieurs, leurs complexes... Il y a ainsi Tarek, brillant chercheur en médecine qui ne peut s’empêcher de se montrer revêche avec les femmes qu’il désire ; Nagui, l’étudiant patriote et révolté amoureux d’une belle juive américaine ; Ahmed Danana, son homologue corrompu appuyé par les sinistres services secrets égyptiens, son épouse qui rêve de divorce et lui mène une guerre silencieuse ; Saleh, professeur de faculté rattrapé par la mélancolie après 25 ans d’exil ... Et pour que cette somme de destin constitue un roman, Alaa El Aswany a arrimé le destin de ses compatriotes de papier, et leurs multitudes de péripéties amoureuses, professionnelles et universitaires, à une intrigue politique solide, qui culmine avec la visite du président. En arrière-plan, se dessine le panorama d’une Egypte où, derrière les clichés touristiques et une démocratie de façade, on torture toujours.